3

 

Au collège, ils furent accueillis comme des stars. Tout le monde voulait leur parler, leur poser des questions, savoir en détail ce qui s’était passé. Avant qu’ils ne soient submergés par la foule des curieux, Salim avait eu le temps de souffler à l’oreille de Camille :

— J’ai tes fringues à la maison. J’ai aussi ta pierre dans ma poche.

À la récréation de dix heures, l’émoi étant un peu retombé, Camille et Salim purent se retrouver dans un coin de la cour pour discuter tranquillement.

— Comment ça s’est passé chez toi ? demanda-t-elle.

Le garçon sourit largement.

— Au poil ! Je ne suis pas sûr que ma mère se soit aperçue que j’étais parti. Non, je plaisante, elle en avait entendu parler à la télé ! Et toi, ton père a continué sur sa lancée du commissariat ?

Camille décida de calquer son attitude sur celle de son ami. Inutile de se ronger les sangs ou de se lamenter, mieux valait en rire.

— Pas du tout ! Il était un peu tendu à cause de l’émotion, voilà tout. J’ai été accueillie avec des fleurs et j’ai croulé sous les cadeaux de bienvenue.

Salim approuva d’un hochement de tête appréciatif.

— Nous avons une sacrée chance d’avoir des familles aussi affectueuses, tu ne trouves pas ?

Camille acquiesça. Adopter un enfant, elle le savait, représentait une aventure longue et complexe qui requérait une bonne dose de ténacité et énormément d’amour. Pourquoi les Duciel avaient-ils fait l’effort de la recueillir ? Ils n’éprouvaient rien pour elle, ils la considéraient comme une charge et non comme un membre de leur famille…

— Tu as raison, affirma-t-elle, à part un couple de Ts’liches, je ne saurais imaginer mieux que mes parents ! Mais dis-moi, comment as-tu fait pour les habits et la pierre ?

— Pour les fringues, ça a été simple, je les ai demandées à l’inspecteur Franchina. Il me les a données dans un grand sac poubelle, sans prêter attention à nos tuniques et à nos bottes.

— Et la sphère graphe, tu l’as ?

— Je n’arrive toujours pas à la toucher, alors j’ai découpé la poche de ton jean, tiens.

Camille prit la pierre bleue dans le creux de sa main.

— J’ignore à quoi elle sert, remarqua-t-elle, songeuse, mais je m’y suis habituée. J’aime bien l’avoir avec moi. Un jour, elle me sera peut-être utile…

— Je n’ose pas imaginer la tête des policiers s’ils avaient essayé de la saisir. Ils seraient sans doute venus te poser quelques questions supplémentaires, tu ne crois pas ?

— Sûrement… Il faudra que je sois plus prudente désormais. D’autant que j’ai encore pas mal de choses à faire.

— Que nous avons ! s’indigna Salim, tu ne vas pas me laisser tomber tout de même.

Camille lui sourit avec reconnaissance.

— Tu n’es pas obligé de m’aider, tu sais. Je t’ai entraîné dans cette aventure sans te demander ton avis et nous avons bien failli y laisser notre peau. Je comprendrais que tu préfères ne plus t’en mêler, maintenant.

Salim prit un air sérieux que Camille ne lui connaissait pas.

— Nous allons régler cette question une fois pour toutes, dit-il avec fermeté. Je suis avec toi ! Jusqu’au bout ! Tu es mon amie et, vu l’accueil de ma famille, je pense que tu es la seule personne importante que j’aie au monde. Alors ne compte pas m’abandonner en chemin. Nous trouverons Akiro ensemble et nous l’enverrons faire son devoir en Gwendalavir.

Camille inspira longuement. L’émotion l’étreignait. Sans se l’avouer, elle avait craint un moment de devoir continuer seule.

Salim s’en aperçut et son grand sourire habituel remplaça sa mine grave.

— Et puis, continua-t-il, tu imagines un peu la raclée que me mettrait Edwin s’il apprenait que je t’ai laissé tomber ? Bien, je suppose que tu as passé la nuit à mettre un plan d’attaque au point. Par quoi commençons-nous ?

— J’ai eu plusieurs idées. Celle que j’ai retenue passe par une visite chez le juge. Ce sont certainement mes parents, les vrais, qui nous ont conduits dans ce monde, mon frère et moi, après avoir bloqué notre mémoire. Mes premiers souvenirs datent du jour où je me suis retrouvée dans le bureau du juge, avec mes parents, les faux.

— Tu crois que c’est le même juge qui vous a placés tous les deux ?

— C’est possible. Mes parents, les vrais, ont dû faire les choses correctement. Je les imagine mal nous abandonner sur les marches d’une église par une froide nuit d’hiver.

— Dommage, ça rendrait ton histoire encore plus pathétique !

— Salim, tu as une cervelle de crustacé. Il est possible que le juge ait conservé des documents nous concernant, mon frère et moi. Il faut mettre la main dessus.

— Tu comptes entrer dans son bureau et lui demander gentiment la permission de fouiller dans ses archives ?

— Une cervelle de crustacé débile ! Après les cours, ce soir, nous passerons devant le tribunal et nous aviserons pour la suite.

— Bien chef ! Le crustacé est à vos ordres !

Camille éclata de rire et Salim, qui avait recherché cet effet, se sentit soulagé.

Leur journée au collège leur parut d’une morosité insupportable. Ils avaient pris l’habitude d’un rythme de vie trépidant où dangers et merveilles se succédaient à un rythme rapide.

Être assis à une table pendant une journée entière fut une torture.

Ils finirent cependant par être libérés et partirent d’un pas rapide.

— Je ne peux pas traîner, avait expliqué Camille. Pendant quelques jours, mes parents vont me surveiller de près. Il faut que je fasse attention.

Elle avait trouvé l’adresse du juge pour enfants dans l’annuaire. C’était une annexe du tribunal, située dans le centre-ville. Un petit parc bien entretenu s’étendait devant la façade principale.

Ils firent le tour du bâtiment pour repérer les ouvertures. Les deux portes d’entrée étaient imposantes et bardées de serrures, les fenêtres du rez-de-chaussée munies de barreaux et celles des étages se trouvaient à une bonne hauteur du sol.

— C’est une véritable forteresse, soupira Camille accablée. Je ne vois absolument pas comment nous y introduire.

— J’ai deux ou trois idées, la rassura Salim. Tu veux que je te les expose ?

Camille regarda sa montre et secoua la tête.

— Pas maintenant, il faut que j’y aille. Tu crois qu’on pourrait essayer cette nuit ?

— Sans aucun problème, affirma Salim, mais comment vas-tu t’échapper ?

— Je me débrouillerai. Rendez-vous à une heure, d’accord ?

— Bien chef, je serai là !

Camille lui lança un clin d’œil et rentra chez elle, en marchant à vive allure pour arriver à temps.

 

 

La soirée lui parut interminable. Mme Duciel, pour une fois, l’interrogea sur ce qu’elle avait fait au collège, mais Camille comprit rapidement que ses réponses ne l’intéressaient pas vraiment.

Elle prétexta une grosse fatigue et monta dans sa chambre.

Son principal souci, pour son évasion nocturne, était la présence de Sultan et Gengis. Les molosses la connaissaient, ils ne l’attaqueraient pas, mais ils risquaient d’aboyer. Or la police avait certainement établi un rapprochement entre son enlèvement et la présence d’un prétendu rôdeur qui avait brisé une vitre quelques jours plus tôt. Elle devait se débrouiller pour passer inaperçue.

Camille se mit à tourner en rond en attendant l’heure. Vers minuit et demi, elle ouvrit la fenêtre de sa chambre. Les chiens arpentaient la pelouse.

Maître Duom avait affirmé que, dans ce monde, l’Art du Dessin s’affaiblissait jusqu’à parfois disparaître complètement. Elle avait pourtant dessiné à plusieurs reprises, bien que de manière involontaire ou brouillonne. Il était temps de vérifier si elle avait progressé.

Elle se concentra et, aussitôt, un sourire illumina son visage. La magie opérait à nouveau. Elle parvenait à imaginer, dessiner et faire basculer dans la réalité ce qu’elle voulait. La règle énoncée par l’analyste ne la concernait apparemment pas. Il lui fallait cependant découvrir si sa création pouvait leurrer les chiens de garde et leur odorat infaillible.

À une dizaine de mètres de Sultan et Gengis, une magnifique femelle rottweiler apparut, les regardant avec impudence. Les molosses flairèrent l’air. Ce qu’ils sentirent dut leur plaire, car ils s’approchèrent de la chienne en frétillant de la queue. Elle s’éloigna d’un pas léger et les deux chiens la suivirent, subjugués par sa présence.

Camille était émerveillée. Ce pouvoir ouvrait des perspectives si vertigineuses que la tête lui en tournait presque. Elle retint avec difficulté un cri de joie et enjamba l’appui de la fenêtre. Elle s’agrippa à la gouttière et glissa jusqu’à terre. Elle partit du côté opposé à la direction qu’avaient prise les cerbères.

Les détecteurs infrarouges reliés aux alarmes étaient placés assez haut pour que les chiens ne coupent pas leurs faisceaux et elle n’eut aucune difficulté à les éviter. Elle passa le mur en s’aidant des branches d’un vieux pin, se laissa tomber souplement dans la rue et regarda derrière elle. Le retour serait plus difficile, Salim devrait l’aider à grimper. Ce n’était toutefois pas le moment d’y penser, aussi Camille partit d’un bon pas vers le centre-ville.

Son ami l’attendait à l’endroit convenu. Habillé de sombre, il se fondait dans l’obscurité et elle ne le remarqua qu’au dernier instant.

— Merci, murmura-t-elle.

— Le crustacé de l’ombre est toujours prêt pour de nouvelles aventures, chef…

Elle lui serra l’épaule.

— On y va ?

Salim hocha la tête.

Ils s’approchèrent discrètement de la grille basse qui entourait le parc du bâtiment. Après un regard circulaire sur la rue déserte, ils l’enjambèrent. Ils contournèrent en silence l’édifice avant de revenir sur leurs pas.

— Tu vois une solution ? fit Camille, dubitative.

Une petite fenêtre sans volets s’ouvrait tout en haut de la façade, au niveau du troisième étage.

— On va passer par là, décréta Salim.

— Nous ne sommes pas des oiseaux, rétorqua Camille. Les crustacés ne volent pas, tu sais.

Le garçon sourit dans l’ombre.

— Fais-moi confiance ! Est-ce que tu peux grimper jusqu’à la fenêtre qui est là, au premier étage ?

— Sans problème, répondit-elle, mais j’ai oublié ma dynamite pour forcer les volets !

— Attends-moi une minute, je reviens.

Le temps que Camille comprenne, il s’était élancé. Il prit appui sur les barreaux du rez-de-chaussée, tendit un bras et crocheta le bas d’un volet au premier étage. Il se hissa à la force des poignets jusqu’à se retrouver perché sur une minuscule corniche faisant le tour de l’édifice. Il la longea lentement jusqu’à un endroit où les joints abîmés entre les pierres de la façade lui offrirent de nouvelles prises. Il commença alors à grimper avec précaution.

En bas, Camille retenait sa respiration. Elle le vit atteindre sans encombre le deuxième étage et attaquer la dernière partie de son escalade. Il dut faire pratiquement un grand écart pour accéder à la fenêtre qu’ils avaient repérée.

Salim avait vu juste. Elle était entrouverte et il put se glisser à l’intérieur. Camille soupira de soulagement. Au bout de ce qui lui parut être une éternité, un grincement la fit sursauter. Un des volets de la fenêtre du premier étage s’ouvrit légèrement.

— Allez, ma vieille, souffla Salim, à toi de jouer.

Camille attrapa à son tour les barreaux du rez-de-chaussée et se hissa au niveau du premier étage. Salim lui saisit la main et l’aida à passer à l’intérieur. Elle se retrouva dans l’annexe du tribunal. Lorsque Salim tira le volet, il y régna une obscurité presque complète. Se déplacer s’annonçait difficile.

Une douce lumière naquit au bout de ses doigts.

Salim sursauta.

— Ma parole, tu es une véritable sorcière !

— Je ne sais pas pourquoi, lui expliqua-t-elle, mais je trouve que la lumière est la chose la plus facile à dessiner.

Ils étaient dans une salle d’attente, meublée de chaises et d’une table basse supportant une pile de revues.

Dès qu’elle fut dans le couloir, Camille reconnut les lieux. C’était son plus vieux souvenir et il était présent à son esprit dans ses moindres détails. Suivie par Salim, elle gagna la cage d’escalier et monta au deuxième étage. Là, elle se dirigea sans hésiter vers une porte imposante tendue de cuir. Elle n’était pas fermée à clef et ils pénétrèrent dans une pièce spacieuse, aux murs couverts de livres, un bureau sombre trônant en son centre.

Camille se souvenait parfaitement de l’homme assis dans son fauteuil, mais n’avait aucune idée de l’endroit où il rangeait ses documents. Une imposante armoire métallique, haute de deux mètres et large d’autant, attira son attention. Elle était divisée en tiroirs coulissants, marqués chacun d’une série de lettres.

Camille ouvrit le tiroir qui portait les lettres DI/EN, et découvrit une multitude de dossiers bien classés.

— Heureusement que ce juge est plus ordonné que moi, souffla-t-elle à Salim.

Elle trouva sans difficulté le dossier Duciel. Elle le posa sur le bureau et le feuilleta. Elle aurait aimé le consulter tranquillement, mais n’osait pas prendre le temps de le faire, non plus que le risque de l’emporter.

L’information qu’elle cherchait se trouvait à la troisième page dans un paragraphe intitulé « fratrie ». Elle avait bien un frère.

Il s’appelait Mathieu et avait été adopté deux jours avant elle par une famille du nom de Boulanger. Elle mémorisa l’adresse, remarquant au passage qu’il était précisé que toute communication entre le frère et la sœur était interdite. Le juge avait souligné l’information en rouge, ajoutant une série de points d’interrogation qui laissait présumer le caractère inaccoutumé du procédé. Elle rangea ensuite le dossier à sa place.

Ils ressortirent par la fenêtre de la salle d’attente. Avant de rejoindre Camille, Salim repoussa les volets le mieux possible pour dissimuler leur intrusion. L’opération avait duré moins d’une demi-heure.

Ils regagnèrent la maison de Camille. Là, Salim l’aida à se hisser sur le mur d’enceinte.

Une fois perchée à son faîte, elle aperçut Gengis et Sultan, mais ne vit aucune trace de la chienne qu’elle avait dessinée un peu plus tôt. Cela ne la surprit pas ; maître Duom lui avait expliqué que les dessins n’avaient qu’une durée d’existence limitée. Elle se glissa dans l’Imagination.

Un instant plus tard, les deux molosses s’éloignèrent à la poursuite de la belle qui venait de réapparaître sous leurs yeux.

Camille se pencha vers son ami.

— Tu as été génial !

Salim sentit son cœur prêt à exploser comme à chaque fois que Camille le complimentait.

Il ne trouva rien à répondre, signe qu’il était vraiment ému, et haussa les épaules pour se donner une contenance.

Sur un dernier sourire, Camille se laissa glisser dans le jardin et regagna sa chambre sans encombre.

Elle eut du mal à s’endormir. Elle tournait et retournait le nom et l’adresse de son frère dans son esprit.

Mathieu Boulanger, 26 rue de la Plaine.

Elle calcula qu’il était un peu plus jeune qu’elle ne l’était aujourd’hui lorsqu’il avait été conduit dans ce monde. À présent, il avait entre dix-huit et dix-neuf ans.

Était-il possible qu’elle l’ait croisé sans rien pressentir ? La rue de la Plaine était dans le centre-ville, elle devait l’avoir empruntée une bonne centaine de fois en sept ans. Elle essaya de l’imaginer, mais son portrait ne cessait de se modifier. Lorsqu’il prit les traits de Salim, elle renonça et ferma les yeux.

D'un monde à l'autre
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